Page:Caouette - Le vieux muet ou un Héros de Châteauguay, 1901.djvu/204

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 197 —

Il choisissait toujours le labeur le plus pénible, afin de ménager son vieux père, dont la santé était chancelante. Puis, le soir, pendant que les jeunes gens de son âge s’adonnaient aux plaisirs, lui, penché sur ses livres, cherchait dans l’étude le développement de l’intelligence et le perfectionnement de la raison.

C’était par une belle journée du mois d’août.

Jean-Charles et son père travaillaient aux foins, Marie-Louise et Antoinette (les deux sœurs de notre héros) étaient allées prier à l’église, et Mme Lormier, restée seule à la maison, filait en fredonnant un joyeux refrain.

Elle pensait au cher absent, qui, suivant les paroles de Mme de Courcy, ferait avant longtemps honneur à la profession du notariat…

Elle avait rêvé que Victor serait, un jour, un mesieu, et elle entrevoyait déjà, avec orgueil, la réalisation de ce doux rêve… Donc, elle était heureuse, la mère Lormier, et elle chantait !

Oui, elle chantait à la brise qui lui versait, en passant, les suaves senteurs du bon foin vert ; elle chantait aux oiseaux qui la saluaient de leurs mélodieux trémolos ! elle chantait à l’astre du jour qui remplissait la maison de ses