Page:Caouette - Le vieux muet ou un Héros de Châteauguay, 1901.djvu/198

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 191 —

la brave population de Sainte-R… et pour le héros de Châteauguay ! »

La foule, après avoir crié trois hourras, appela, à grands cris, Jean-Charles Lormier. Celui-ci, qui n’avait jamais fait de discours, chercha à se dérober, mais plusieurs vigoureux jeunes gens le hissèrent sur leurs épaules et le portèrent en triomphe sur l’estrade.

Jean-Charles paraissait plus ému à la tribune qu’il l’avait été sur le champ de bataille. Mais, réprimant son émotion, il dit :

« Mesdames et messieurs,

« J’avais préparé avec soin le programme de nos fêtes, et je le croyais complet, mais j’étais dans l’erreur ; car mon distingué ami, le brave capitaine Johnson, est venu le compléter en nous gratifiant d’un discours qui a remué les fibres les plus intimes de nos cœurs ! Et je le remercie au nom de toute la population de Sainte-R…, dont je crois être en ce moment le fidèle interprète.

« Je ne vous ferai pas un discours, d’abord parce que je n’ai pas reçu de Dieu le don de l’éloquence, et ensuite parce que je me sens trop ému pour pouvoir exprimer, comme je le désirerais, les nombreux sentiments qui se pressent dans mon âme. Cependant je ne veux pas descendre de cette tribune sans vous remercier pour le bienveillant concours que vous