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au lieu de lever ses regards vers Dieu, il les abaissait sur les pages des romans les plus immoraux, dont il nourrissait son esprit…

Ce jeune homme, bien qu’il ne priât plus, n’était pourtant pas un incroyant. Il y avait encore dans un pli de son âme une parcelle de foi ; mais les mauvaises lectures avaient paralysé sa conscience, faussé son jugement et contaminé son cœur…

Le premier matin que Victor alla à l’étude de maître Archambault, celui-ci le reçut avec la plus grande bonté.

— Êtes-vous réellement assez fort pour reprendre l’ouvrage ? lui demanda-t-il.

— Je suis encore faible, répondit le jeune homme, mais je m’ennuyais trop pour rester plus longtemps à la maison !

— Je comprends cela parfaitement, mais je vous conseille de ne pas étudier autant que vous l’avez fait dans le cours des derniers mois. Pour ma part, je me reproche de vous avoir parfois accablé de travail, et je me propose de vous ménager plus à l’avenir.

— Vous êtes vraiment bien bon, mais je vous prie de ne pas vous gêner, car je m’aperçois que le travail me va à merveille.