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du bon sens autrefois doit en avoir encore aujourd’hui…

Je sais bien que les gens instruits ont coutume de dire que « plus ça change, plus c’est la même chose » ; mais moi je trouve que quand ça change, ça n’est pas la même chose…

Sont-ils drôles un peu, parfois, ces gens instruits ! Ainsi, par exemple, les deux muscadins qui ont coupé la parole au père François, l’autre jour, par ces mots : « Votre fille est muette, » savaient-ils ce qu’ils voulaient dire ? Mais, babiche ! quel rapport ces mots-là « votre fille est muette » pouvaient-ils avoir avec les paroles du père François : « Voilà pourquoi ? »… Aucun rapport, ce me semble ! On ne dira, pourtant pas que ces deux muscadins ne sont pas instruits, puisqu’ils ont peut-être usé chacun cinquante fonds de culotte sur les bancs du collège…

Je donnerais bien deux sous, par exemple, à celui qui pourrait m’expliquer comment il se fait que l’ignorant, lui, quand il parle, est compris de tout le monde, tandis que l’homme instruit, avec sa fricassée de grands mots et de proverbes, n’est compris que de ses pareils…

À quoi sert donc l’instruction, babiche ! si c’est l’ignorance qui rend le langage compréhensible !

L’année dernière, encore par exemple, je souffrais d’un mal d’yeux épouvantable. Je