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Mais si le vieillard ne visitait personne, il avait l’honneur de recevoir souvent la visite du révérend Père Durocher, de pieuse mémoire, supérieur de la communauté des Oblats de Marie.

Que se passait-il entre le bon Père et le vieux muet, dans le cours de leurs longues et fréquentes entrevues ? Nul n’osait le leur demander ; et ceux qui interrogeaient le saint missionnaire au sujet de l’étranger, n’en recevaient pour toute réponse que ces mots : « Aimez-le, il est digne de votre affection… »

Quoi qu’il en fût, après chacune de ses entrevues avec le révérend Père Durocher, le solitaire semblait moins malheureux, et parfois même son visage, d’ordinaire triste, s’éclairait d’un doux sourire.

Le vieux muet avait acquis son droit de cité. À la curiosité qu’avait fait naître la venue de cet étrange colosse, succéda une bienveillante sympathie. Sa figure devint familière à tous. C’était un membre de la grande famille.


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