— Oui, mon cher ; ce gueux, ce misérable est le frère de Jean-Charles qui a arraché, l’autre jour, M. le curé Faguy des griffes de l’ourse…
— Vous ne me dites pas ça ?…
— Oui, c’est incroyable, mais c’est pourtant vrai ! Tu comprends maintenant pourquoi je suis devenu si triste et si sombre en voyant ce sans-cœur sous l’influence de la maudite boisson… Ce misérable a jeté dans l’orgie et la débauche l’argent que Jean-Charles a gagné sur le champ de bataille, à Châteauguay… Et dépenser ainsi le prix du sang d’un héros, c’est un crime qui crie vengeance au ciel ! Eh bien ! notre devoir à nous, Philippe, c’est de démasquer ce misérable, afin de l’empêcher au moins d’extorquer d’autre argent à sa pauvre famille. Tu peux m’aider à atteindre le but que je me propose, en me tenant au courant des allées et venues de « Victor Lormier, » car tel est le nom de ce chenapan ! Écris-moi, et garde le secret de la confidence que je viens de te faire !
— Ne craignez pas de coups de langue de ma part, père François ; sur ce chapitre-là, je serai aussi muet que la tombe !
— Merci ! mon cher Philippe. Dans tous les cas, je t’assure que ce vaurien de Victor ne mettra pas la patte sur l’argent que m’a donné M. Normandeau…
— Puis moi, dit Philippe, en faisant claquer son fouet, je vous assure qu’avec cet archet-ci