Page:Caouette - Le vieux muet ou un Héros de Châteauguay, 1901.djvu/103

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 96 —

consentement de ses parents, offrit ses services, qui furent agréés avec bonheur. Mais ce n’est pas avec le même bonheur que ses bons parents lui accordèrent leur consentement. Au contraire, ils ne voulurent pas d’abord entendre parler de son départ pour la guerre.

— Non, non, tu n’iras pas ! lui dit son père

— Mais pourquoi donc, mon père, ne voulez vous pas que j’y aille ?

— À cause des dangers auxquels tu seras sans cesse exposé. Tu risques de perdre la vie ou au moins la santé dans cette guerre.

— C’est vrai, mon père. Mais n’est-il pas du devoir des citoyens de risquer leur santé et même leur vie pour combattre les ennemis de leur pays ?

— Nous avons assez de patriotisme au cœur pour le comprendre ainsi, reprit la mère ; mais tu as déjà fait ta part à la bataille de Châteauguay, puisque tu y as perdu un doigt. Il me semble que, sur le seuil de notre vieillesse, la patrie ne doit pas exiger, de nous, deux fois le même sacrifice dans l’espace de quelques mois…

— Hélas ! il m’est bien pénible, chers parents, de me séparer de vous, et de penser que mon départ va vous causer de la peine et de cruelles angoisses ; mais ne croyez-vous pas comme moi qu’il nous faille toujours sacrifier l’amour de la famille à l’amour de la patrie ? D’ailleurs, cher père, je veux marcher sur vos traces. En 1775,