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en même-tems sa navigation, il enlevera par le bon marché de ses Manufactures plusieurs branches du commerce à l’État en question. Par conséquent cet État commencera à perdre la balance, & sera obligé d’envoïer tous les ans une partie de son argent chez l’Étranger, pour le paiement des denrées qu’il en tire.

Bien plus, quand même l’État en question pourroit conserver une balance de commerce dans sa plus grande abondance d’argent, on peut raisonnablement supposer que cette abondance n’arrive pas sans qu’il n’y ait beaucoup de Particuliers opulens qui se jettent dans le luxe. Ils acheteront des Tableaux, des Pierreries de l’Étranger, ils voudront avoir de leurs soieries & plusieurs raretés, mettront l’État dans une telle habitude de luxe, que malgré les avantages de son