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légende de la nuit des morts


Grands lis à la corolle pure,
Cueilli près du flot qui murmure,
Tu rêveras dans les cheveux
Des vierges aux chansons légères,
Quand elles vont par les clairières
Former des chœurs harmonieux.

Ramure verte et bruissante
Des grands peupliers de la sente
Tu frémiras, quand à leur tour,
D’autres poètes, sur la mousse,
Viendront ouïr la chanson douce
Dont tu berceras leur amour.

Puis, au retour d’un soir d’automne
Où la vieille cloche résonne,
Tu surgiras tel qu’autrefois,
Et, drapé de ténèbres sombres
Ombre glissant parmi les ombres,
Tu viendras entendre sa voix.

Et les villes seront lumière,
Et les accents de la prière
Monteront des vivants vers la gloire des morts,
Vers les grands cœurs, les grands génies,
Vers ceux qui donnèrent leurs vies
Pour rendre les humains plus heureux et plus forts.