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strophes et chansons


Mais soudain, le long chœur des trépassés s’arrête ;
La mort étend sa main blanche vers le poète,
Environne son front d’un cercle radieux
Et murmure pour lui ces mots harmonieux :

« Oh toi qui rêvais sur ma route,
En cette nuit d’automne, écoute
Et ne tremble plus devant moi.
Ne me crois pas ton ennemie,
La mort c’est l’éternelle amie
Des pauvres rêveurs comme toi.

L’âme humaine serait trop lasse
Sans ma faucille d’or, qui passe
Pour cueillir les rêves défunts !
Des feuilles mortes de l’automne
Naîtront bientôt les anémones,
Les roses aux troublants parfums.

Et si ta vie est passagère,
Si tu dois au sein de la terre
Dormir le sommeil du trépas,
Bientôt, ta cendre balancée
Ira rejoindre ta pensée
Aux lieux où tu guidais tes pas.