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IRIS BLEUS


 
J’aime les iris bleus au bord des étangs mornes,
Où les grands peupliers mirent leurs fronts pensifs,
À l’heure vespérale où s’effacent les bornes
Des ondes et du ciel, où des soupirs furtifs
Frissonnent alentour, dans l’ombre des massifs.

Les iris, on dirait des papillons de rêves
Quand la brise, effleurant leurs plis mystérieux,
Emporte leurs senteurs vers de lointaines grèves,
Ils semblent à la fois tristes et dédaigneux
Comme ces grands étangs qui rêvent, devant eux.

Car ils savent que les splendeurs sont éphémères…
Lorsque le sombre azur de leurs pétales fins
Pâlit, les grands iris referment leur paupière
Et glissent sur l’étang. Les fées aux blanches mains
Recueillent leur dépouille et pleurent leur destin.