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strophes et chansons

Je ne priais point Dieu, je vous priais, amie,
La foi de ma raison n’apaise point mon cœur !
Pour lutter jusqu’au bout sur la route de vie,
Il me faut le baiser d’une bouche chérie,
Il me faut le miroir de deux grands yeux charmeurs
Où se glisse un reflet d’harmonieux bonheur,
Il me faut cette voix douce qui dit : « Je t’aime.
« Je crois ce que tu crois, je veux ce que tu veux.
« Si le méchant te hait, qu’importe son blasphème,
« Qu’importe, ô mon ami, je te suivrai quand même,
« Je verserai l’espoir dans ton cœur radieux
« Pour vaincre ou pour souffrir, enfin, nous serons deux. »

Et je vous aurais dit bien des choses encore
Et vous auriez compris, si vous aviez souffert,
Si vous aviez senti, lorsque la pâle aurore
Enveloppe les lys aux boutons près d’éclore,
Quand les rayons légers baignent les rameaux verts,
Un désir effleurer votre cœur entr’ouvert !

Or, comme je l’avais rêvé dans mon idylle,
Vous vîntes voir les lieux où j’étais exilé,
L’automnale splendeur de mes grands bois tranquilles,
Mais au soleil couchant vous partiez pour la ville,
Ne laissant à mes yeux qu’un souvenir ailé ;
De mon amour, hélas, je n’avais point parlé !