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À Ferdinand Buisson


POÈME AUX TRAVAILLEURS DU LIVRE[1].


 
Quand il eut assemblé sous ses doigts frémissants
Le mobile alphabet des nouveaux caractères
Et, maître d’un secret de l’inerte matière,
Ainsi que les héros, dressé son front puissant ;
On conte, citoyens, que Gutenberg, le père,
L’ancêtre, vénéré par notre amour pieux
Jusqu’au soir où la mort emplit d’ombre ses yeux,
Connut l’ingratitude et parfois la misère.
Mais le premier de nous, il sentait tressaillir
En son cœur, enivré de combattre et de vivre,
Le légitime orgueil d’avoir créé le livre
Qui donnerait la terre aux races à venir.

Et, trois siècles, les fils de sa haute espérance,
Regardant d’un œil clair la flamme des bûchers
Debout, près de la presse, osèrent attacher
Au vol des feuillets blancs l’exacte connaissance.

  1. Déclamé par M. Violet, de l’Odéon avec accompagnements de musique de scène de mademoiselle Marie Granier, à la Fête des Travailleurs du livre au profit de l’Orphelinat du livre.