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invocation aux morts

 

Grâce à toi, Gutemberg, leurs vers
Bravent le temps ; et leur parole
En feuilles légères s’envole
Aux quatre vents de l’Univers…

le penseur


Vierges, semez les fleurs ; femmes, levez les gerbes.
Car les voici venir, les devanciers superbes
Qui guidèrent le Maître en son labeur sacré.
Aristote, génie à jamais vénéré,
Puissant ordonnateur des lois de la pensée !
Pythagore, par qui l’âme s’est élancée
Vers un noble idéal d’ordre et de liberté.
Zenon, stoïcien, dont la mâle fierté
Apprenait à bien vivre, et toi, sage Socrate,
Qui mourus plein d’amour pour les foules ingrates.
Vous prépariez l’essor de l’humaine raison
Qu’assouplit saint Thomas et que le grand Bacon,
En l’assujettissant à son expérience,
Rendit à l’avenir fille de la Science,
Et le dogme se meurt, et l’esprit brille, et c’est
Descartes la méthode, et Hume, Condorcet,
Retraçant des aïeux chaque féconde étape.
Kant parle, et de sa voix apaisante, s’échappe
Comme un espoir nouveau d’une commune foi
Préservant notre esprit du doute et de l’effroi…