Mais les souvenirs ! lourds et douloureux,
Qui courbent au sol la tête des vieux
Et rident le front des veuves pâlies,
L’éternel désir, l’éternel émoi
Qui font la beauté triste de la vie
Ne doivent-ils plus s’exprimer par toi ?
Celui qui célébra la Rome souveraine
Ordonnant l’univers sous une même loi,
Virgile, aimait à voir fumer au loin les toits
Quand l’ombre des grands monts s’allongeait dans les plaines,
S’il n’avait pas connu la joie et la douleur,
S’il n’avait pas aimé l’infinité des êtres,
Il eut, en vain, conté les luttes des ancêtres
Et d’un règne de gloire annoncé la splendeur.
Amis, j’aime le ciel où tremblent les étoiles,
Les coteaux empourprés par le soleil couchant,
J’aime les longs flots bleus, tachés de blanches voiles,
J’ai connu le plaisir des danses et des chants !
J’ai couru par les bois, tout défaillant d’ivresse,
Et le cœur embaumé des roses de l’amour,
J’ai sangloté de deuil, j’ai crié de détresse
Quand celle que j’aimais me quitta pour toujours !