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vers l’humanité

 

Je ne chanterai plus l’éclat bruyant des chasses
Et le cerf palpitant, qui pleure sous l’épieu ;
Je ne gravirai plus la cime du Parnasse
Pour rajeunir encor la légende des dieux.

Nul ne trouvera plus, en strophes langoureuses,
Les maux les plus subtils par mes soins déclamés,
Ou bien, en un recueil de petits vers pâmés
Les plus secrets frissons des chairs voluptueuses.

J’élèverai plus haut mes hymnes triomphants,
Pour que l’homme et la femme, et l’aïeul et l’enfant,
Par les bourgs, les cités, les vallons et les plaines,
Chantent tous, désormais, à voix claire et sereine,
La dignité suprême et l’honneur du travail
En des temples nouveaux gravés aux blancs portails.
— Qu’il retourne la terre ou garde de la grêle
Sous un vitrail poli des fleurs pures et frêles ;
Qu’il martelle le cuivre, ou qu’il coule l’acier ;
Qu’il marque par l’aiguille ou par le balancier
La fin et le retour des tâches coutumières,
Ou qu’il fasse jaillir la force et la lumière
De la houille, arrachée aux antres ténébreux ;
Qu’il prenne leurs trésors aux flots impétueux,