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vers l’humanité

 
Baisant les pieds des christs de pierre,
Suppliantes, ces jeunes mères
Dont Dieu laissait l’enfant mourir !

Quand j’ai vu les barques fleuries
Que le vieux prêtre avait bénies,
Au matin s’envolant du port ;
Au soir, par l’ouragan roulées,
Joncher les grèves désolées
D’épaves noires et de morts !

Alors ma raison libérée,
Brisant l’illusion dorée,
Connut le frisson du Chaos !
Et, tremblante de ne plus croire,
Le cœur débordant de sanglots,
J’errai seule dans la nuit noire…

Alors Comte m’a dit : « Ô femme, ouvre les yeux,
« Vois, l’aube rose au loin caresse les collines ;
« Jette, dès ce matin, à la brise câline
« Les rêves morts, fardeau de ton cœur soucieux.