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vers l’humanité

 

Il groupe les troupeaux. Il sème, infatigable,
Le sol vierge, alentour des tombes des aïeux.
Et sa foi, s’élevant aux astres innombrables,
Transforme lentement les forces immuables
Qui régissent le monde, en un peuple de dieux.

Ces dieux, il les créa d’abord à son image,
Dévorateurs de chair, épais buveurs de sang,
Puis il les adora plus cléments et plus sages,
Lorsque Vénus retint Mars épris de carnage
En la tiède langueur de ses bras caressants.

Puis, honteux d’ignorer, l’homme voulut connaître
Les causes de la vie et les fins de la mort,
L’origine du monde et l’essence des êtres,
Et las d’avoir subi les fictions des prêtres,
Pour sonder le mystère il fit un noble effort…

Le principe était-il l’eau, l’air ou bien la flamme ?
Un nombre ? Le hasard des atomes mêlés ?
Le duel des esprits, l’un pur, et l’autre infâme ?
L’unique volonté d’un Dieu maître des âmes ?
Hélas ! Rien de certain ne semblait révélé !