Ô poète, d’un vol vers les voûtes lointaines,
Que n’as-tu, libéré de la souffrance humaine,
Au règne du soleil découvert la beauté
Faite d’ordre immuable et de sérénité ?
Ô n’être qu’un rayon de la blonde lumière
Qui se glisse aux plis fins des roses printanières,
Mire les peupliers antiques sur les eaux
Et laisse une auréole au faîte des coteaux !
Ô confondre ton âme avec l’âme des choses,
Chanter avec le vent, fleurir avec les roses,
T’alanguir dans le soir, rire dans le matin,
Errer, insoucieux de l’heure et du destin,
De la fleur minuscule aux planètes énormes,
Vivre en l’enivrement des couleurs et des formes,
Afin que l’harmonie, éparse en l’univers,
S’exprime au rythme ailé des strophes et des vers…
Que ne le voulais-tu ? Toi qui pouvais, poète,
Vers la lumière pure ayant levé la tête,
Rejeter comme aux flots d’un fleuve qui s’enfuit
Mon ombre douloureuse et pâle, dans la nuit.