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la harpe

Un diadême éclatant de claires étincelles,
Puis mille carillons de cloches au son grêle.


Et la harpe riait, et la harpe pleurait,
Contant les soirs de deuils et d’angoissants regrets,
Les muets désespoirs de la fille au front blême
Que l’amant délaissa quand elle eut dit « je t’aime »,
Le troupeau bondissant des vœux et des désirs.
Elle disait l’effroi de ceux qui vont mourir
Et sentent s’effacer sous leurs paupières closes,
Le suprême reflet des êtres et des choses…
Puis c’était un chant large et beau comme la mer,
Comme les pics altiers qui couronnent les airs,
Comme l’azur profond où tremblent les étoiles,
Comme la grande paix qui glisse, tel un voile
Éternellement blanc sur toutes nos douleurs…

....................
Et comme cette harpe au vent du soir, mon cœur,
Au souffle du destin, sanglotte ou bien soupire
Et, préludant aux chants harmonieux, expire
Sans atteindre jamais les sublimes accents.
Mais ainsi que ce luth sous tes doigts frémissants,
À ton appel, mon cœur peut exhaler, amie,
Un hymne triomphal d’espérance et de vie,
Nous libérer enfin des stériles remords
Et nous porter unis au delà de la mort.