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la lente épreuve


Il fait si doux t’aimer quand la rose se penche,
Lorsque le vent plus frais qui caresse les branches
Verse sur les gazons les feuillages palis ;
Si doux de respirer contre ta gorge blanche
Ton souffle odorant comme un lys !


Étreins-moi longuement, ma mie, et ne soupire ;
En vain le sol profond tressaille et nous attire
Où l’arbre et l’être humain ne seront qu’une chair !
L’automne est beau. Ce soir jette avec un sourire
Des roses mortes au feu clair !


Quand les pétales fins se tordront dans la flamme,
Alors je presserai ta bouche qui se pâme
Sous ma lèvre brûlante, et nous nous unirons,
Puis, tous deux enlacés, fiers de n’être qu’une âme
Jusqu’à l’aube nous chanterons !


Et quand viendra le soir de l’Automne suprême,
Quand la Mort, en passant, mordra notre front blême,
Quand notre corps sera cendre ou flamme à son tour,
Le vent qui m’entendit répétera : je t’aime
À ceux qui pleureront d’amour.