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Guide les pinsons, guide les abeilles
Vers les églantiers, au bord du chemin.
Là j’irai cueillir des roses vermeilles…
Celle qui m’aimait reviendra demain.

Le long de ces sentiers que nous suivions ensemble
À travers les halliers fleuris des genêts d’or
Et les troncs argentés des bouleaux et des trembles,
Tous deux nous passerons encor.

Renversant son blanc col sur mon bras qui frissonne,
Elle aura vers mes yeux levé ses grands yeux noirs.
Sur les gazons nouveaux, parmi les anémones.
Sans doute, elle voudra s’asseoir.

Alors je lui dirai : j’ai tant souffert, amie,
Que j’ai pensé mourir quand j’étais loin de toi,
Mais ton souffle a passé sur ma lyre endormie,
Ton baiser m’a rendu la foi.

Hélas, pardonne-moi, ce ne sont que des rêves
Que je chante à tes pieds ; ce sont des rêves fous ;
Mais la vaste forêt tressaille autour de nous,
Les airs sont embaumés, les arbres lourds de sève,
Et j’ai posé mon front brûlant sur tes genoux…