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EN SONGEANT À L’ABSENTE…


 
« Ne me prendrez-vous pas les roses que voici,
Ces dahlias bleutés, et ces blancs chrysanthèmes ?
Portez-lui de mes fleurs, la femme qui vous aime
Vous donnera sa bouche en murmurant : « Merci ».

Un instant j’hésitai, m’inclinant sur les roses,
Car je me souvenais de ta bouche mi-close.
« Hélas ! ma mie est loin. Pour moi point de baiser
Ce soir »; et je partis, triste de refuser.

Sans toi, tout m’est tristesse, hélas, ma bien-aimée,
Tristesse de sentir la brise parfumée
Qui fait neiger au soir les grands acacias,
De baiser le portrait que tu me confias,
D’ouïr la voix des temps qui s’exhale des livres,
Tristesse de penser et tristesse de vivre…