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pélerinage

 
Va dire aux ouvriers : « frères, l’heure est venue
Où vous serez payés de votre dur labeur !
Nul ne prétendra plus en invoquant les nues
Que la souffrance est sainte, et sainte est la douleur.
Vos maîtres n’auront plus l’hypocrite paresse
De s’en remettre à Dieu du soin de votre sort,
Et les forts désormais garderont la faiblesse
Et les faibles heureux pourront aimer les forts…
Paraissez, travailleurs qui retournez la glèbe,
Semeurs et moissonneurs, et gardeurs de troupeaux !
Paraissez tous enfants de l’énergique plèbe,
Vous qui taillez la pierre et fondez les métaux.
Ouvriers de l’idée, apparaissez en foule,
Artistes, et savants, et penseurs, suivez-moi,
Paraissez, débordez, comme une immense houle
Devant le temple pur de la nouvelle foi…


Sonnez les clochettes légères,
Vierges, chantez des chants très doux.
Semez des lys, des primevères,
Sur les fidèles à genoux.
Sonnez les clochettes légères !


Voici l’eau, voici le froment,
Voici le fer, voici la flamme !