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la lente épreuve

 

Mais comme la rose trémière,
Qui se sent mourir, garde encor
Aux plis de ses pâles paupières
La caresse des rayons d’or.

Le cœur, jusqu’à l’instant suprême
Où l’ombre de mort l’envahit,
Conserve l’image qu’il aime
Étincelante dans la nuit.

Ton nom demeure en ma pensée,
Tes yeux sont restés dans mes yeux,
Ta lèvre à ma lèvre pressée
A laissé des baisers fiévreux.

Ta voix palpite à mes oreilles,
Ta voix tremblante, par les soirs
Tièdes et lourds, les soirs de veille,
D’ivresses et de désespoirs.

Et quand je pleurerai, l’automne
Dans mes bois tristes et déserts
Où la bise au cri monotone
Jette les feuilles dans les airs ;