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chanson d’adieu

 

Te souviendras-tu, dis-moi,
Que j’ai bien souffert pour toi,
Pour toi qui t’en es allée ?
La caresse, qu’en tremblant
Je pose sur ton front blanc,
Se sera-t-elle envolée ?

Mes baisers sur tes grands yeux
Profonds et mystérieux,
Que je revois dans mes fièvres,
Doivent-ils s’évanouir ?
Et ceux qui faisaient frémir
Et se confondre nos lèvres,

Ne les oublieras-tu pas
Lorsque tu seras là-bas,
Au bras d’un autre qui t’aime ?
Car alors si je gémis,
Tu n’entendras plus mes cris,
Mes sanglots et mon blasphème !

Or, en ce pays lointain,
Si jamais le lourd destin
Pesait sur toi, Marguerite,