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lydie.

d’anéantir le malheureux que l’on méprise sans y songer, et qui succombe à un mal dont il ne peut se plaindre. Eh ! que doit-ce être quand une femme, une femme timide éprouve ce tourment, le plus cruel pour un cœur tendre ! Attirée par l’habitude vers celui qu’elle n’a ni la force ni le droit de haïr, repoussée par les caresses mêmes dont se berceroit son amour s’il pouvoit être sûr que l’amour les lui adressât, toujours en garde contre la séduction des souvenirs, contre celle de l’amitié, et contre les dédains de l’indifférence, elle passe successivement du desir à la honte, et du bonheur au désespoir, sans que jamais un mouvement de colère puisse la délasser de la fatigue d’aimer seule. Lydie ne s’aveugloit que le moins possible ; cependant elle s’aveugloit encore ; et, dans ces rares instans, comme tout se ranimoit, comme tout s’embellissoit pour elle !