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n’sortoit de c’monde que quand on n’peut plus y être bon à rien ! — Mais à trente ans, mordieme ! fort, alerte, courageux, avec quatre enfans que son travail nourrissoit…

Bernard.

Quatre enfans ! Eh ! seigneur de dieu, qu’est-ce qu’y vont devenir !

Cange, plus gai.

Oh ! ils sont à couvert.

Bernard.

Où ça ?

Cange.

Dans mon grenier. — J’passois devant la porte de c’pauvre diable. — J’vois une bière… un aria… un remue ménage… J’m’arrête… je demande… C’est Michel qu’est mort, m’fait comme ça la fruitière. — Michel ! que j’l’y fais, tout effaré… Ah ! mon dieu oui, s’fait-elle ; à telles enseignes que v’là ses pauvres enfans qu’on met à la porte par l’ordre du principal locataire. — J’m’avance comme un enragé. — J’vous flanque une tape à l’un, une tape à l’autre ; j’m’empare des enfans de Michel : deux dans mes bras, un sur mon dos, l’autre accroché au pan de ma veste, et nous v’là tous les cinq battant l’pavé, d’un cœur… Ils sont dans ma chambre, je viens d’les y enfermer avec mes trois marmots. V’là qui est arrangé. Ils ne feront plus qu’un lit et qu’une table.

Bernard.

Un lit et une table pour sept ! y songes-tu ?

Cange, vivement

Bah ! s’il falloit toujours songer aux suites, on n’obligeroit jamais personne. Je me moque b’en de ça, moi… J’aimons mieux quatre charges de plus et un reproche de moins ; et si j’n’avions pas recueilli ces petits orphelins, tiens, j’aurois eu là… j’aurois eu là quelque chose… qui m’auroit empêché de dormir.

Bernard.

Ma foi, tu ne dormiras guère, s’il faut que tu élèves tous