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Northel.

Tu ne l’avois pas vu ce matin ?

Henriette.

Non, mon ami.

Northel, ivre de joie.

Tout est connu : son embarras, son généreux mensonge.

Henriette, l’observant.

Et maintenant son trouble, son silence…

Bernard.

Et sa rougeur donc… tenez…

toute la famille s’écrie :

C’est lui !

Bernard.

Eh, sûrement, c’est lui. (Northel tombe dans les bras de Cange ; Bernard l’étouffe de l’autre côté : Henriette tient ses mains, les enfans sont autour de lui ainsi que Germaine, et le comblent de caresses.)

Cange, au comble de l’attendrissement.

Eh bien oui, c’est moi : allons, c’est vrai, c’est moi. — Eh mais, mon dieu ! faut-il donc tant se récrier pour si peu de chose ! — je n’avions que ça ; si j’avions eu davantage, j’vons l’aurois donné tout d’même. Mais… (à Northel.) J’dois vous le dire : j’étions loin de m’attendre à tant de plaisir, — car j’vous croyois perdu.

Northel, le regardant avec admiration.

Ce dernier trait achève de développer toute ta grandeur d’ame !… Ma langue est enchaînée… l’expression se refuse. (avec enthousiasme.) Eh bien, esclaves nés des préjugés gothiques, admirateurs outrés de la naissance et de l’éducation, où trouverez-vous dans vos fastueuses annales, un cœur plus enrichi de tous les trésors de la délicatesse et de la sensibilité ? — (Cange fait un mouvement de mal-aise.) Ne crains rien, brave Cange, ne crains rien… je n’insulterai