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V’là qui est bien. Vous savez à présent qui j’sommes, et ce que je venions faire ; si je vous dérangeons, dites-le, j’sommes prêt à vous laisser en repos. (Il veut sortir.)

Henriette, l’arrêtant.

Arrêtez !… Je ne sais où j’en suis. — Cher Northel ! Citoyen !… si vous saviez… ah ! si vous saviez que de bien vous nous faites, et dans quel moment !

Cange.

Oui, oui, il me semble que je suis venu à propos.

Henriette.

Mais, Citoyen… mon mari… il n’est donc pas si malheureux que nous le craignions ; il a donc trouvé quelque ami, quelque compagnon moins misérable, qui daigne partager avec lui…

Cange, saisissant son idée.

Vous y êtes ; c’est cela : c’est un ami qu’il a fait dans c’te maison, qui l’aide de son mieux… Allez, allez, c’est un bon enfant que c’t’ami-là ; — s’il étoit plus riche, vous vous en ressentiriez.

Henriette.

Eh, que peut-on faire de plus pour moi, que de secourir ma famille ? que de me rassurer sur le sort de mon mari ? car, Citoyen, j’espère… (timidement.) que vous voudrez bien… me dire…

Cange, d’un ton préparatoire.

J’ne savons rien, Citoyenne, — j’ne savons rien du tout. — Vot’mari a la mine d’un honnête homme ; vous m’avez l’air d’une brave femme ; j’serions fâché qu’il vous arrivât malheur… mais dans tous les cas, écoutez donc… faut d’la fisolophie… vous avez d’s’enfans… et s’ils perdoient leur père, n’oubliez pas que vous restez seule chargée de la dette que vous avez contractée tous deux en les mettant au monde, oui !

Henriette, effrayée.

Vous me faites frémir !… Hélas !… est-ça que Northel…