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a plus… il n’en a plus, mon amie ! — ils m’ont fait entendre, ils ont osé me faire entendre qu’il étoit trop exposé pour en conserver encore. — Tremblante à cette horrible idée, j’ai volé, j’ai pénétré avec mon enfant jusqu’aux pieds de nos juges… Des réponses vagues… une préoccupation effrayante… des cris… du sang… un échafaud… Saisie, éperdue, hors de moi, je suis revenue, — j’ai traversé une foule tumultueuse… Je marchois sans voir… je suis arrivée… me voilà. — Le trouble, la terreur, le désespoir ! la mort est dans mon ame. (elle tombe dans les bras de Germaine qui la fait asseoir.)

Germaine.

Pauvre voisine !… chère Henriette, calmez-vous, calmez-vous, je vous en conjure ; si vous avez perdu tous vos amis, Germaine, la fidelle Germaine vous reste, et ne vous abandonnera pas. Henriette ! par pitié pour vos enfans…

Henriette, revenant à elle.

Mes enfans ?… Ah, oui, oui… travaillons pour mes enfans, (pleurant,) Germaine… voici le second jour…

Babet, triste, dans un coin.

Ah ça, c’est bien vrai, voici le second jour.

Germaine, à part à Babet.

Paix, Babet !

Henriette.

Que dit-elle ?

Germaine.

Rien, rien ; songez à vous, songez à l’innocence de Northel, et rappellez votre courage.

Henriette, vivement.

Oui, sans doute, Germaine, il est innocent ; — j’ignore, hélas ! quel abus ou quelle erreur fatale a pu le faire soupçonner d’un crime. Mais… j’en atteste la pureté d’un cœur toujours tranquille avec lui-même : — jamais, jamais l’ennemi de sa Patrie n’eût été l’époux chéri d’Henriette. — (elle