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Babet.

Trois ou quatre heures !… et combien y en a-t-il que nous n’avons dîné ?

Germaine, oppressée.

Tais-toi donc, Babet. (à part.) Pauvre enfant ! pauvre Henriette ! encore si mon amitié leur étoit plus utile : — mais, moi-même… fatiguée… abattue… avec des yeux qui se refusent au travail… si cela continue… (des larmes s’échappent de ses yeux, elle les essuie.).

Babet, se parlant à elle-même.

Oh mais… nous n’attendrons peut-être pas si long-temps. Mon frère m’a dit qu’il conduiroit maman par-tout où elle trouvera des amis qui lui donneront de l’argent, et qu’il ne la laissera pas revenir sans qu’elle en rapporte.

Germaine.

Il ne faut pas se fier à sa promesse, ma fille ; Henri est un bon petit enfant, mais il ne peut rien pour sa mère : et si tu m’en crois, tu ne lui parleras pas de cela à son retour ; tu la chagrinerois.

Babet.

La chagriner ! oh, j’en serois bien fâchée ! j’aime tant maman !

Germaine, triste.

Et ton père ?

Babet.

Papa !… il est en campagne ; — et c’est bien dommage ! — ça alloit mieux quand il étoit ici. (soupirant.) Nous dînions tous les jours… (plus gaie.) Mais il reviendra.

Germaine, douloureusement.

Il reviendra !

Babet, confiante.

Oh qu’oui, il reviendra : — nous avons déjà arrangé, Henri et moi, un beau petit compliment pour le jour de son arrivée : cela fera plaisir à maman.