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et c’est si vrai… tenez… c’est si vrai, que v’là un billet de cinquante francs que vot’ femme m’a chargé de vous remettre.

Northel.

Cinquante francs !… ma femme ! est-il possible ? quoi, mon ami, c’est ma femme !…

Cange.

C’est vot’femme ; oui, c’est vot’femme qui vous envoie cela pour vous acheter ce qui vous est nécessaire ; — car vous n’êtes sûrement pas sans avoir besoin de quelques petites choses.

Northel.

Hélas, de tout, mon ami ! mais…

Cange, vivement.

Eh, en ce cas, prenez donc, prenez donc bien vite, dépêchez-vous d’en faire usage.

Northel, hésitant.

Oh, ce n’est pas là l’embarras ; mais…

Cange.

Mais, mais, mais ; prenez : qui vous retient ?

Northel.

Si ma femme n’a que cela… si elle se gêne pour me secourir… dois-je accepter un soulagement dont ma famille a peut-être encore plus besoin que moi ?… Cette idée me poursuivroit… je veux tâcher de m’y soustraire… car, vois-tu, mon ami, je ne vis que dans mes enfans ; s’ils languissent, je meurs ; s’ils vivent heureux, j’aurai toujours de la force de reste.

Cange, à part, retenant ses larmes.

Je n’y tiens plus. (haut.) Tranquillisez-vous, brave père, tranquillisez-vous ; prenez ce billet, employez-le sans crainte ; vot’femme peut vous l’donner, elle le peut ; elle en aura… elle en a tout autant dans son porte feuille.