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l’enfant ; ne v’là-t-il pas un beau service que je vous ai rendu-là ?

Northel.

Un beau service !… le premier qu’on ait voulu me rendre, le plus cher que je pusse recevoir dans ma détresse. — Mais parles, parles, mon ami ! achèves de rafraîchir ce cœur, desséché de crainte et d’ennui ; n’omets, je t’en conjure, n’omets aucun détail de cette intéressante commission.

Cange, embarrassé.

Des détails ?… oh, des détails… J’ne vous en donnerons pas beaucoup, parce que… j’étions pressé, et que j’n’ons pas eu le temps. — (Northel s’afflige.) Mais, j’ons malgré cela, de bien bonnes choses à vous apprendre. D’abord, c’est que… comme j’vous le disois tout-à l’heure, j’ons vu votre femme, vos enfans ; ils s’portent bien ; ils sortent tous les jours pour tâcher de vous tirer d’ici ; ils espèrent beaucoup.

Northel, avec joie.

Ils espèrent ?

Cange, se contraignant.

Oui, Citoyen, oui, ils espèrent ; — et en attendant, ils sont contens, tranquilles, rien ne les inquiète, rien ne leur manque ; ainsi…

Northel, surpris.

Rien ne leur manque ! — Hélas, depuis six mois que je languis dans cette prison, comment ont-ils pu faire ? comment vivent-ils encore ? par quel coup de la providence…

Cange, avec véhémence.

N’faut jamais s’en défier, mon ami, n’faut jamais s’en défier. — Si vous êtes innocent, si vous l’êtes, les yeux au Ciel, la main sur le cœur, et t’nez-vous en paix. Elle a trouvé d’s’amis, vot’femme, elle en a trouvé, je vous en réponds. — (Il cherche ce qu’il va dire.) Elle a fait connoissance avec… une bonne voisine qui… la soutient, l’encourage… la console, lui prête de l’argent au besoin…