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réputation ? Est-il donc décidé parmi les hommes, qu’une femme inférieure en naissance ne puisse les égaler en vertu ? Ah ! cette indignité révolte ma raison ! et jamais… non, jamais je ne vous en aurais cru capable.

Lussan.

Mais vous ignorez quels étaient mes desseins. Accordez-moi, par pitié, si je ne puis obtenir un autre sentiment, le pardon d’une ruse dont tout vous aurait fait reconnaitre l’innocence. — Mais je vous aimais, Catherine !… Je vous aime… plus que je ne puis l’exprimer ! — Achevez-la cette confidence d’où dépend le reste de ma vie ; que je sache enfin qui vous êtes ; que je jouisse à-la-fois de la douceur de consoler, d’enrichir ce que j’aime, et de devoir à sa tendresse son retour au monde et au bonheur !

Catherine, émue, dit avec douleur.

Les voilà !… ils se ressemblent tous. (À Lussan, d’une voix étouffée.) Épargnez-vous, Monsieur, des soins que vous avez rendus inutiles ; retournez au château, oubliez une misérable femme qui n’avait pas demandé à vous connaître, et qui ne tardera pas à aller loin d’ici, loin de vous, de tout ce qui l’environne, chercher une retraite plus sûre, s’il en est, contre la fausseté et la perfidie.

Lussan, éperdu.

Quoi ! vous voulez……

Catherine, d’un ton plus ferme.

Oui, Monsieur : ce soir, je rends mes comptes à Madame, et demain je pars.

Lussan.

Catherine… au nom du Ciel !…