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duite de son séducteur, se voue à tous les vices dont cet exemple affreux lui a tracé la route, et se venge ainsi de ses peines passées sur tout ce que le pouvoir de ses charmes lui fait trouver de dupes et de victimes.

Lussan, effrayé.

Ô Ciel ! auriez-vous été exposée à ces horreurs, et jamais l’idée d’une telle vengeance…

Catherine, avec noblesse.

Non ; je n’ai rien à me reprocher ; ce témoignage consolant m’a suivi par-tout et me soutient encore. Mais la séduction, les dedains, l’abandon, l’ingratitude la plus basse, j’ai tout éprouvé. — Ah !… Charles… Charles… combien j’ai souffert !

Lussan, avec le plus grand intérêt.

Parlez ; épanchez enfin dans mon sein ce secret inconcevable pour tout le monde. Jamais ami plus tendre ne mérita mieux d’en être dépositaire.

Catherine, avec abandon.

Je vous crois. L’éloignement que j’ai conçu pour la société, la misantropie qui me fatigue, et à qui pourtant je suis redevable du repos que j’ai goûté quelque temps, ne tiennent pas contre la confiance naïve que vous m’avez témoignée… Apprenez donc, Charles, que je ne suis point ce que je parais être, qu’un nom illustre, une fortune immense furent autrefois… On vient… Ah ! Ciel !