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Fanchette.

Qu’est-ce donc qui vous est arrivé, Monsieur ?… vous v’la tout je n’sai comment.

Lussan.

Je suis dans la crise que j’appréhendais ce matin. Je viens d’avoir avec madame d’Armincourt une conversation où toute ma prudence a pensé me trahir. Elle sembloit vouloir pénétrer mes sentimens ; elle m’a pressenti pour une décision prochaine ; et, durant le dîner, Élise n’a rien oublié pour me ramener vers elle. J’ignore d’où lui vient ce caprice, je ne sais à quoi attribuer… Je suis au désespoir.

Fanchette.

Hélas, Monsieur, je n’avons pas d’meilleures nouvelles à vous donner. Madame Catherine vient tout à l’heure de me parler sur l’amour, sur l’mariage. J’ons voulu profiter, l’y dire ce que j’en pensions ; elle m’a traitée !… Tenez, voyez mes yeux, ils sont tout rouges…

Lussan.

Je veux m’expliquer avec elle. Il le faut. Je le veux absolument : je ne saurais tenir plus longtemps à un pareil état ; et, d’après ce qui se passe au château, il faut que mon sort soit décidé ici… aujourd’hui même.

Fanchette.

Monsieur, vous allez tout gâter. Pour l’amour de Dieu, prenez-y garde, n’allez pas courir l’risque.