Page:Candeille - Catherine ou la belle fermiere - 1793 Maradan.djvu/12

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Henry, gaiement.

Et pourquoi ne le serois-je pas ? — Mon maître, à la vérité, est un étourdi qui ne sait, la plupart du tems, ce qu’il veut, et qui me gronde souvent de n’avoir pas fait ce qu’il a oublié de me dire ; mais, du reste, j’en suis assez content ; et puis il y a à parier cent contre un que Madame d’Armincourt lui donnera sa fille en mariage : comme elle n’est guères plus riche que lui, ils seront forcés de vivre dans leurs terres : cela nous fixera ici, et c’est ce qui pouvait m’arriver de plus heureux, après la certitude de vous faire agréer mon amour, mam’zelle Fanchette.

Fanchette, rougissant.

Ah ! M. Henry !… cette certitude-là… certainement… Vous croyez donc que M. de Fierval épousera mam’zelle Elise ?

Henry

Oh ! oui, oui ; c’est une affaire arrangée.

Fanchette, avec intérêt.

Et M. d’Lussan, que deviendra-t-il ?

Henry

Ma foi, ce qu’il pourra. C’est un songe-creux qui ne pouvoit réussir auprès de la jeune personne. Elle est fastueuse, exigeante, impérieuse ; et lui, avec son maintien composé, ses manières circonspectes, ses observations économiques, ne promet guères de récréation à sa femme, que la permission de réfléchir à son aise ; et je ne la crois pas forte sur la réflexion. — Il ne lui convient pas, il ne lui convient pas du tout.