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L’ENFANT PRODIGUE.

Quel vain espoir, quelle étrange fureur
Lui fit quitter la tente paternelle.
Dis ses excès ; dis l’affreux dénûment,
Fruit mérité de son égarement ;
Et lorsqu’enfin Dieu va, dans sa colère,
Lever son bras sur l’enfant criminel,
Fais parvenir aux pieds de l’Éternel
Les pleurs du fils et le pardon du père.

Heureux Gessen, séjour aimé du ciel,
C’est dans ton sein qu’il avait pris naissance,
Ce fils, l’objet des douleurs d’Israël,
Dont jusqu’alors il était l’espérance.
C’est dans ton sein que Nephtale et Ruben
Coulaient tous deux, sous les lois de l’hymen,
Des jours de paix, d’amour et d’innocence.
A leur bonheur, fruit de ces chastes nœuds,
Les dons du ciel ajoutaient l’opulence.
De gras troupeaux se jouaient autour d’eux ;
De toutes parts, dans leur domaine immense,
Des plants choisis croissaient en abondance.
Au moindre signe, on voyait à leurs vœux
Se présenter des esclaves nombreux ;
Et tous les ans, abandonnant leur tente.
Deux cents chameaux, caravane brillante,
Jusqu’à Memphis portaient les longs tissus
Du lin soyeux et du moelleux byssus.
D’un sol fécond dépouille renaissante.