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vous lu en entier ? — J’ai lu les volumes que j’en ai, le siècle de Louis XIV, le règne de Charles XII, la Henriade et ses tragédies. — Quel choix plein de goût ! s’écriait la duchesse, elle est vraiment étonnante ! Vous lisez beaucoup, à ce qu’on dit. — Je n’ai rien de mieux à faire, j’aime assez cela, ça tue le temps, les soirées sont longues. — Comment avez-vous eu ces livres ? reprit la reine, les avez-vous achetés ? — Non, Madame, répondit Marguerite ; j’étais gouvernante d’un médecin qui est mort, et m’a laissé, par testament, son mobilier, ses livres, et 800 livres de rentes sur l’Hôtel-de-Ville, que je vais recevoir tous les six mois. » La reine s’amusa avec autant d’esprit que de gaieté de voir tout ce que l’on commençait à répandre sur la solitaire de Marly, déjoué par un récit aussi simple et qui méritait si peu d’occuper.

Cette nouvelle Sarah Th*** était tout bonnement une cuisinière retirée.


Marie-Antoinette, n’étant encore que dauphine, supportait déjà difficilement le joug de l’étiquette. L’abbé de Vermond avait contribué en partie à l’entretenir dans cette disposition. Lorsqu’elle fut devenue reine, il s’efforça ouvertement de l’amener à secouer des entraves dont elle respectait encore l’antique origine. Entrait-il dans sa chambre