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moins d’un valet de chambre qui le remplacerait et recevrait de vous votre pelisse, et, qu’en observant ces formes convenables à votre rang, vous ne seriez point exposée à voir vos effets jetés sur des banquettes d’antichambre. »


J’ai lu, dans plusieurs ouvrages écrits sur la vie de la reine Marie Leckzinska, qu’elle possédait de grands talens. Il est prouvé, par sa conduite religieuse, noble et résignée, par la grâce et la justesse de son esprit, que son auguste père avait pris les plus tendres soins pour développer en elle toutes les excellentes qualités dont le ciel l’avait douée. Les vertus et les lumières des grands sont toujours démontrées par leur conduite ; quant à leurs talens, cette partie reste dans l’apanage des flatteurs, de manière à n’avoir jamais de preuves authentiques sur leur réalité, et, quand on a vécu près d’eux, il est très-pardonnable de mettre leurs talens en doute. S’ils dessinent ou peignent, un habile artiste est toujours là qui dirige le crayon par le conseil, quand il ne le fait pas de sa propre main, qui prépare la palette, amalgame les couleurs d’où dépend le coloris. Si une princesse entreprend quelque broderie nuancée, de la nature de celles qui peuvent prendre leur place parmi les productions des arts, une habile brodeuse défait et recommence ce qui a été manqué,