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dû à sa personne et à tout ce qui dépendait d’elle. La duchesse de ***, dame de son palais, d’un caractère impérieux et acariâtre, s’attirait de ces petits dégoûts que les serviteurs des princes ne manquent jamais de donner aux personnes hautaines et désobligeantes, quand ils peuvent les appuyer sur leurs devoirs ou sur de simples usages. L’étiquette, on pourrait dire les seules convenances de respect, interdisaient de rien poser à soi sur les siéges de la chambre de la reine. On traversait à Versailles cette chambre pour se rendre au salon de jeu. La duchesse de *** posa son manteau

    quatre heures du matin. Le roi n’a rien su de ces courses nocturnes. »

    Ceci est-il assez clair, assez positif ? D’où vient donc le blâme qui s’élève avec tant d’injustice contre Marie-Antoinette, tandis qu’on gardait un silence profond sur les inconséquences, pour ne pas dire pis, de la duchesse de Bourgogne ? C’est que la trop grande bonté de Louis XVI encourageait parmi les courtisans l’audace et la calomnie, quand, sous Louis XIV au contraire, le plus prompt châtiment aurait atteint l’audacieux qui eût exercé la malignité de ses propos contre une personne placée près du trône.

    La duchesse d’Orléans le fait assez connaître. « Madame de Maintenon, ajoute-t-elle, avait défendu à la duchesse du Lude de gêner la duchesse de Bourgogne, pour ne pas la fâcher, attendu qu’étant de mauvaise humeur, la dauphine ne pouvait divertir le roi. Elle avait aussi menacé de son courroux éternel quiconque serait assez téméraire pour dénoncer la dauphine auprès du roi. »

    (Note de l’édit.)