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hommages respectueux de la marquise, l’intérêt qu’avaient des grands qui briguaient ses faveurs

    pêche de croire exacts. Nous les donnons aussi parce qu’on peut aimer à connaître toutes les routes qui mènent à la grandeur.

    « Madame d’Étioles accompagnait le roi (Louis XV) dans toutes ses parties de chasse, non pas comme appartenant à sa suite, mais comme spectatrice. Comme une déesse descendue du ciel, elle paraissait dans la forêt de Senart, à côté du château d’Étioles, tantôt vêtue d’une robe d’azur, dans un phaëton couleur de rose ; et tantôt vêtue de couleur de rose, et dans un phaëton d’azur. Sa beauté était éclatante ; aussi la duchesse de Châteauroux, qui redoutait déjà l’inconstance de Louis XV, en prit-elle ombrage. Elle fit suivre madame Le Normand d’Étioles par d’habiles jeunes gens qui lui rendaient compte de ses démarches. On a dit que madame d’Étioles, confondue dans la foule, ayant osé venir étaler ses charmes au grand couvert, madame de Châteauroux, qui se la fit montrer, parce qu’elle ne pouvait en être connue, se plaça entre le roi et madame d’Étioles, comme un écran ; chercha des pieds la rencontre des siens, et les écrasa du poids de son corps, pour lui apprendre, par ce châtiment anonyme, à oser se montrer au roi. Mais madame d’Étioles était si patiente, que rien ne fut capable de la distraire de ses projets*. »

    [* M. d’Étioles était moins patient que sa femme. Il vit son élévation avec des mouvemens d’humeur qui donnaient lieu très-souvent à de singulières scènes. Celle qu’on trouvera rapportée dans les éclaircissemens, lettre (I), n’est pas une des moins piquantes.

    (Note de l’édit.)]

    Puisque j’ai commencé à parler de la rivalité qui existait entre ces dames, il faut citer encore un trait qui désola madame de Pompadour, même après son triomphe et la mort de madame de Châteauroux.

    « Dagé était en ce moment le coiffeur recherché des princesses du sang et des premières dames de la cour, madame de Château-