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mie, s’éloignait de son lit sur la pointe des pieds ; le moindre bruit du parquet réveillait la reine qui criait : « Où allez-vous ? Restez, contez encore. » Quoiqu’il fût plus de deux heures après minuit, cette femme, qui se nommait Boirot, et qui était fort naïve, lui disait : « Mais qu’a donc Votre Majesté cette nuit ? y a-t-il de la fièvre ? faut-il faire éveiller son médecin ? — Oh ! non, non, ma bonne Boirot, je ne suis pas malade ; mais cette pauvre madame de Châteauroux, si elle revenait !........ — Eh Jésus ! Madame, lui répondit cette femme qui avait perdu toute patience, si madame de Châteauroux revient, bien sûrement ce n’est pas Votre Majesté qu’elle viendra chercher. » La reine partit d’un éclat de rire à cette naïveté, son agitation cessa, et bientôt elle fut endormie[1].


La nomination de madame Le Normand d’Étioles, marquise de Pompadour, à la place de dame du palais de la reine, offensa la dignité autant que la sensibilité de cette princesse. Cependant les

  1. On sera curieux sans doute de savoir comment Jeanne Poisson, fille d’un commis dans l’administration des vivres, parvint à remplacer, dirai-je dans l’emploi ou dans le rang de favorite, la duchesse de Châteauroux, issue de l’illustre maison de Nesle. Soulavie donne à ce sujet des détails que rien n’em-