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au pied de son lit, sous des draperies de drap gris, qui faisaient l’ameublement de la chambre des princesses en deuil. Leur grand cabinet était en drap noir, avec une estrade, un dais et un fauteuil sur lequel elles recevaient les complimens de condoléance après le temps du premier grand deuil. La dauphine, quelques mois avant de terminer sa carrière, eut des regrets de l’avoir abrégée ; mais il n’était plus temps, le coup fatal était porté. On peut présumer aussi que l’habitation avec un homme attaqué de la pulmonie avait pu contribuer à cette maladie. Cette princesse ne put faire connaître beaucoup de qualités : vivant dans une cour où l’existence du roi et de la reine éclipsait la sienne, on n’a pu remarquer en elle que son grand amour pour son mari et son extrême piété[1].

Le dauphin a été peu et mal connu. Il cherchait lui-même à déguiser son caractère, et l’avouait à ses intimes. Il demanda un jour à un de ses serviteurs les plus rapprochés : « Que dit Paris de ce gros balourd de dauphin ? le croit-il bien bête ? »

  1. Surmontant sa douleur, la dauphine voulut, avec autant de courage que de prévoyance, s’occuper de l’éducation de ses enfans ; et l’on trouvera dans les éclaircissemens, lettre (H), des détails curieux sur les devoirs qu’elle s’était imposés et qu’elle remplissait avec zèle.
    (Note de l’édit.)