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ges. Louis XV, par la noblesse de son maintien, par l’expression de ses traits à la fois doux et majestueux, appartenait parfaitement aux successeurs de Louis-le-Grand[1]. Mais ce prince s’est trop souvent donné des plaisirs cachés, qui naturellement finissaient par être connus. Il aima avec passion, pendant plusieurs hivers, les bals à bouts de chandelles : c’est ainsi qu’il appelait les assemblées des gens du dernier étage de la société. Il se faisait indiquer les pique-niques que se donnaient les petits marchands, les coiffeuses, les couturières de Versailles, et s’y rendait en domino noir et masqué ; son capitaine des gardes l’y accompagnait masqué comme lui. Le grand bonheur était d’y aller en brouette ; on avait soin de dire à cinq ou six

    de fidélité. Il y en eut quelques-unes qui eurent le malheur d’éprouver une vive tendresse, un attachement sincère pour le roi. Il en paraissait touché pendant quelques momens ; mais bientôt il n’y voyait que des artifices pour le dominer, et il s’en rendait le délateur auprès de la marquise qui faisait rentrer ses rivales dans leur obscurité. Mademoiselle de Romans fut la seule qui obtint que son fils fût déclaré l’enfant du roi. Madame de Pompadour réussit à écarter une rivale qui paraissait avoir fait une impression assez profonde sur le cœur du roi. On lui enleva son fils qui fut élevé chez un paysan. Mademoiselle de Romans n’osa réclamer contre cette violence qu’après la mort du roi. Louis XVI lui rendit son fils qu’il protégea, et qui fut connu sous le nom d’abbé de Bourbon. » (Hist. de France par Lacretelle, T. III.)

    (Note de l’édit.)

  1. Ce que madame la duchesse d’Orléans, dans ses Mémoires, dit de Louis XV encore enfant, annonçait déjà tous les avantages