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procurer les jouissances des plus simples particuliers, et alors ils se flattent vainement de se cacher sous l’ombre du mystère : on devrait les garantir de ces erreurs passagères et les accoutumer à supporter les ennuis de la grandeur, comme ils savent très-bien jouir de ses éminens avanta-

    dans l’esprit, en disant que les aventures de ce genre étaient nombreuses, ou que le même fait a servi de texte à plusieurs versions ? On trouvera dans les éclaircissemens deux anecdotes racontées, l’une par Soulavie, l’autre par madame du Hausset, et qui ont, quoique sous des noms différens, une malheureuse conformité avec celle qu’on vient de lire. Voyez lettre (C). La même note renferme aussi de nouvelles particularités sur mademoiselle de Romans.

    Le morceau suivant, écrit avec une rare impartialité par M. Lacretelle, ne peut laisser aucun doute sur la source et sur l’étendue de ces désordres.

    « Louis, rassasié des conquêtes que lui offrait la cour, fut conduit, par une imagination dépravée, à former pour ses plaisirs un établissement tellement infâme, qu’après avoir peint les excès de la régence, on ne sait encore comment exprimer ce genre de désordre. Quelques maisons élégantes, bâties dans un enclos nommé le Parc-aux-Cerfs, recevaient des femmes qui attendaient les embrassemens de leur maître. On y conduisait de jeunes filles vendues par leurs parens, ou qui leur étaient arrachées. Elles en sortaient comblées de dons, mais presque sûres de ne revoir jamais le roi qui les avait avilies, même lorsqu’elles portaient un gage de ces indignes amours. La corruption entrait dans les plus paisibles ménages, dans les familles les plus obscures. Elle était savamment et long-temps combinée par ceux qui servaient les débauches de Louis. Des années étaient employées à séduire des filles qui n’étaient point encore nubiles ; à combattre dans de jeunes femmes des principes de pudeur et