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vint plus du tout à Paris ; à la cour elle n’osa plus se montrer avec autant d’audace ; elle se couvrit la figure de blanc, de rouge et de noir ; l’étude de sa mine, de sa toilette, de son habillement, devint chaque jour et plus longue, et plus difficile, et plus compliquée. Elle vit venir de loin la maladie, et elle ne trouva rien, ni dans sa raison, ni dans son esprit, qui la portât à la résignation. » (Anecdotes du règne de Louis XV, publiées par Soulavie.)


Note (L), page 82.

Jamais reine ne jouit de plus d’estime sur le trône, et ne sut mieux se concilier l’affection de sa cour et le respect de ses sujets. Quoiqu’elle n’aimât pas à représenter, le goût du roi pour la chasse et les petits voyages la mettait souvent dans la nécessité de le faire. Elle tenait alors la cour ; elle recevait les ambassadeurs, les grands du royaume et les étrangers, avec un ton d’aisance et un air de satisfaction qui eussent fait croire qu’elle était flattée d’un cérémonial auquel elle ne se prêtait que par devoir, pour conserver les décences à la cour et faire plaisir au roi. La taille de la princesse, qui était au-dessous de la médiocre, ne la servait pas dans la représentation ; mais ce désavantage était amplement compensé chez elle par tout le reste de son extérieur. Elle avait dans les manières cette dignité facile qui annonçait que le trône était sa place ; cet air de majesté, tempéré par la douceur, qui avertissait de sa supériorité sans la faire craindre ; noble simplicité, qui se communiquait sans s’abaisser, et qui obtenait d’autant plus de respect qu’elle paraissait en dispenser.

» Parmi les personnes qui pouvaient s’applaudir des relations que les emplois ou la naissance leur donnaient avec la reine, les princes et les princesses du sang avaient surtout à se louer des égards et des bontés qu’elle leur marquait. Elle leur avait voué à tous un véritable attachement. Elle fut toujours recon-