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galerie, et qu’après avoir parcouru les appartemens intérieurs, il la reconduirait vers eux. Elle accepta ; la porte de glace se referma sur elle. Le Bel lui fit admirer la chambre, la salle du conseil, lui parlait avec enthousiasme du monarque possesseur de toutes les beautés dont elle était environnée, et la conduisit enfin vers les petits appartemens, où mademoiselle de Romans trouva le roi lui-même, l’attendant avec toute l’impatience et tous les désirs d’un prince qui avait préparé, depuis plus de deux ans, le moment où il devait la posséder.

Quelles réflexions affligeantes naissent de tant d’immoralité ! L’art avec lequel cette intrigue avait été conduite ; l’innocence réelle de la jeune de Romans, furent sans doute les motifs qui attachèrent plus particulièrement le roi à cette maîtresse. Elle est la seule qui obtint de lui de faire porter le nom de Bourbon à son fils. Au moment d’accoucher, elle reçut un billet de la main du roi, conçu en ces mots : « M. le curé de Chaillot, en baptisant l’enfant de mademoiselle de Romans, lui donnera les noms suivans : Louis N. de Bourbon. » Peu d’années après, le roi, mécontent des prétentions que mademoiselle de Romans établissait sur le bonheur qu’elle avait eu de donner le jour à un fils reconnu, et voyant, par les honneurs dont elle l’environnait, qu’elle se flattait de le faire légitimer, le fit enlever des mains de sa mère. Cette commission fut exécutée avec une grande sévérité. Louis XV s’é-