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qui est leur intermédiaire : « dites à ma femme que j’irai au château, que je l’ai résolu, et que je ferai retentir les voûtes et les plafonds de l’équité des choses que je demande et que j’exige. »

» C’est ensuite le prince de Soubise qui arrange tout. Le pauvre d’Étioles ne savait pas au commencement comment il l’appellerait.

» Mademoiselle Poisson ? Elle était son épouse légitime : il en avait eu un enfant, et elle n’était pas demoiselle quoiqu’elle ne fût plus sa femme.

» Madame d’Étioles ? Elle avait puni au commencement un imprudent qui avait négligé de la nommer suivant sa nouvelle qualification.

» Ma femme ? Cette qualité fut réservée à M. Le Normant d’Étioles pour les occasions d’une menace. Elle voulait ravoir un jour le superbe portrait par La Tour, qu’il avait encore d’elle. « Allez dire à ma femme de venir le reprendre elle-même, » lui fit-il dire par l’abbé Bayle. Cet abbé m’a appris d’autres traits et circonstances que j’ai consacrés dans ce recueil. » (Anecdotes du règne de Louis XV, publiées par Soulavie.)


Note (J), page 61.

« Madame éprouvait beaucoup de tribulations au milieu de toutes ses grandeurs. On lui écrivait souvent des lettres anonymes où on la menaçait de l’empoisonner, de l’assassiner ; et ce qui l’affectait le plus, c’était la crainte d’être supplantée par une rivale. Je ne l’ai jamais vue dans un plus grand chagrin qu’un soir, au retour du salon de Marly. Elle jeta, en rentrant, son manteau avec dépit, son manchon, et se déshabilla avec une vivacité extrême ; ensuite, renvoyant ses autres femmes, elle me dit à leur sortie : « Je ne crois pas qu’il y ait rien de plus insolent que cette C***. Je me suis trouvée au jeu à une table de brelan avec elle, et vous ne